I.

Je sais pas vous mais Cape Town, rien que de nom, je trouve que de suite ça en jette. C'est légèrement plus glamour que Saint-Bauzille-de-Putois, Nemesnádudvar ou Sainte-Barbe. Après ces endroits sont peut être top. Mais le Cap quoi. Déjà, le cadre. Liaison entre océan Atlantique et Indien. Lieu de villégiature des amoureux de la mer et des fonds marins. Le cap de Bonne Espérance. Qui ne connaît pas ne serait-ce de nom, ce lieu mythique ? Et bien, ça faisait partie de notre quotidien. Quotidien surplombé par la majestueuse montagne de la table. Un centre-ville, chaleureux, mêlant modernisme et trace d'un passé colonial. Une vue magique, un climat agréable, une façon de vivre hors du temps. Parole de Désiré Mbodj, sans-logis le plus connu de tout Cape-Town, institution parmi les institutions, pierre parmi les pierres, cette ville, elle vous colle à la peau. Malgré les kilomètres, le décalage horaire, une fois que vous êtes un habitant à part entière de Cape Town, la ville vous ouvrira toujours ses portes, vous pourrez toujours vous sentir à l'aise en flânant sur le port, en dansant au rythme de Bo-Kaap, le quartier malaisien, ou en observant les pingouins de Simon's Town. Je sais, je sais, j'aurais dû être publicitaire dans une autre vie. De suite, vous mourrez d'envie de sauter dans un avion et de venir vous installer au Cap, tellement la ville vous paraît idyllique et chaleureuse. Bon, ok, tout ne va pas non plus pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais ça, c'est une autre histoire.

II.

Oui c'est une autre histoire. Parce que le Cap a beau être magnifique, et blablabla,... En attendant je suis mort. En plus, c'était même pas une mort digne de Désiré quoi. Je veux pas dire, je suis peut être un sdf, soit. Mais je suis aussi psychologue pour la moitié de la ville et un magazine local m'a même désigné personnalité de l'année pour ma popularité et la sympathie que j'inspire. Alors rater une marche et me cogner la tête sur le sol, c'est pas hyper-classe. Mais bon, ils m'ont même fait une plaque de soutien avec des fleurs et tout. Une plaque de soutien ? Pour un mort ? Ouais, en fait je suis pas vraiment mort-mort. Mais mort quand même. Sauf que apparemment, y a eu un léger bug... Techniquement, mon corps est dans le coma d'après les médecins. Sauf que moi, enfin mon esprit, bah pas du tout. Je peux voir tout le monde, même mon propre corps, chose assez bizarre je le reconnais. Je vis ma vie normalement. Enfin presque. Je ne mange pas. Ne bois pas. Et personne ne me voit. Genre, on dirait que je suis un fantôme. Je riais bien de cette idée, moi un fantôme. Une licorne tant qu'on y est aussi ? Mais en y repensant, c'était un peu ça, en fait. Je suis une sorte de fantôme. Je ne suis pas vraiment mort. Je ne suis pas vraiment vivant. Je ne sais pas trop ce que traficote la mort, mais elle a un peu de mal à finir le boulot apparemment. Parce que je ne suis pas le seul. J'étais le seul. Depuis peu, il y a d'autres « intermédiaires » avec moi. D'ailleurs, c'est assez folklo, on voit de tout ici, du petit vieux qui s'est pris une tuile sur la tête au gars qui a pas dit les mots magiques à la mauvaise personne au mauvais moments en passant par ceux qui auraient du arrêter à un gramme et ceux qui savent même pas exactement pourquoi ils sont là. Je recroise même des gens d'avant... Enfin que je connaissais avant d'être mort-mais-pas-tout-à-fait, quoi. Pour l'instant, on est un peu perplexe à propos de notre situation. Donc, on « vit » au jour le jour, si on peut dire ça comme ça. En attendant... Que ça évolue. Ou qu'on en sache plus...

III.

"Je t'attendais"
Les pas résonnèrent derrière elle, pesants et solennels.
"Tu me dois une petite explication, il me semble"
Les pas se rapprochaient et elle fit volte face pour se retrouver nez à nez avec elle, sa vieille amie, mais elle n'était pas seule, elle avait amené son abruti de secrétaire exécutif avec elle.
"Mais certainement très chère, certainement. Un rafraîchissement peut être ?" Elle leva un sourcil interrogateur, faisant apparaître dans ses mains immaculées deux coupes remplies d'un liquide doré qui évoquait le miel. "J'en propose pas à ton rat de bibliothèque, l’ambroisie c'est un peu trop high level pour lui, il se contentera bien d'un coca" sur ce le jeune homme qui avait l'air moyennement rassuré se retrouva avec une petite bouteille de la boisson sucrée américaine dans les mains.
"Merci"
"Apprends à parler quand on te le demande, petit"
"Sois un peu gentille, je le forme, il est nouveau"
"Voyez vous ça, fraîchement des tiens je suppose"
"En effet, en parlant de ça" Notre invité pris une voix plus posée, "Il y a une petite interférence dans mon business en ce moment, tu as du en entendre parler"
"Tu croyais quand même pas que j'allais te laisser occire tous les habitants aux environs juste parce que t'en as envie"
"Alors c'est bien toi"
"Arrête ton char ma poulette, j'ai pas dit ça"
"Enfin c'est tout comme, sweetheart."
"Je sais pas pourquoi tu t'acharnes à vouloir élever le taux de mortalité de cette ville"
"Et j'ignore pourquoi tu t'acharnes à vouloir m'en empêcher"
Elles se dévisagent, aucune de prononce plus un mot, le jeune apprenti ne sait plus où se mettre, la puissance des deux entités envahie la salle. Elles se sourient d'un air mauvais. Et notre invité reprend la parole. "Bien, je commence dans ce cas, disons que je ne supporte pas la vivacité et la joie maladive qui règnent dans cette ville, alors je m'amuse un peu et puis je suis la Mort quand même, on me demande pas d'être gentille non-plus"
Son interlocutrice lui octroie un sourire enjôleur en réponse au sien carnassier "Tu ne t'étonneras pas alors que, moi aussi, je fasse ce qu'on attend de moi"

Pour plus de précision sur les PNJ, vous n'avez qu'à cliquer ICI et pour des explications pratiques sur les statuts de mort et de vivant et surtout de comment ils s’acquièrent c'est par là.